L’affaire de Filippis rejaillit sur les états généraux de la presse

Vittorio de FilippisQui a lu les circonstances de l’interpellation de Vittorio de Filippis, ancien directeur de la publication de Libération, n’a pu être que choqué. Alors que se déroulent les Etats Généraux de la presse, que Rachida Dati n’est pas bien à son aise ces temps-ci, que l’on reproche au pouvoir de trop vouloir brider la liberté de la presse, chacun y va de son mot ou de ses actes. Il faudrait que les décisions aillent vite car cette affaire est très grave…

Le président Nicolas Sarkozy, a annoncé hier une réflexion sur "une procédure pénale plus respectueuse des droits et de la dignité des personnes", contredisant ainsi les déclarations de Rachida Dati, garde des Sceaux, et de Michèle Alliot-Marie, ministre de l’Intérieur…

François Fillon, aujourd’hui, s’est prononcé lors des questions d’actualité à l’Assemblée nationale, pour une réforme profonde de la procédure pénale en France. Tous les dirigeants politiques de tous bords ont immédiatement déploré l’interpellation musclée de Vittorio de Filippis, cornaquant au passage le gouvernement. Par contre, intervenant à l’Assemblée à la suite de François Fillon, la ministre de la Justice, Rachida Dati, a été huée par une partie de l’hémicycle. Il faut dire que sa réaction avait été particulièrement maladroite en déclarant que la procédure était "tout à fait régulière", car quand "un citoyen ne défère pas aux convocations, on lui envoie un mandat d’amener"

Michèle Alliot-Marie, ministre de l’Intérieur, avait rappelé, elle, qu’il y avait eu une décision judiciaire sur laquelle elle n’avait "pas à se prononcer", mais que "la police a suivi les procédures" pour l’appliquer.

Même le juge antiterroriste, Gilbert Thiel a répondu : "c’est légal, mais en 30 ans de carrière je n’ai jamais vu ça."

Aujourd’hui, l’Union syndicale des journalistes CFDT a décidé de quitter les états généraux de la presse, expliquant que l’arrestation, vendredi, de l’ex-directeur de publication de Libération a été "la goutte d’eau qui a fait déborder la coupe".

"Loin des déclarations élyséennes de bonnes intentions sur la nécessité d’une presse libre et de journalistes délivrés de la prolétarisation salariale qui est la leur, la justice a montré en quelle estime l’ensemble des journalistes et des équipes rédactionnelles seraient tenus demain", ajoutant : "Aucun consensus n’a émergé des débats : les sociétés de journalistes et de lecteurs n’ont pas été admises à la table, tandis que les fédérations de patrons de presse ont décidé d’imposer une liste de revendications purement patrimoniales (…) qui ne règleront aucun problème. (…) Si elles étaient retenues et adoptées, ces propositions se traduiraient concrètement par une grave remise en cause de droit de la presse, garant de la relation de confiance entre lecteurs et journalistes déjà mise à mal par certaines pratiques des patrons-éditeurs".

Le Syndicat national des journalistes (SNJ, majoritaire) a lui aussi fait part de ses inquiétudes, se demandant si tout n’était pas "joué d’avance"