Magouille de la presse et des bien-pensants

Le Monde et Alain MincLibération faisait aujourd’hui un compte-rendu des aventures de son confrère Le Monde. En effet, le quotidien Le Monde réunissait hier un conseil de surveillance pour reconduire ou non le président du conseil de surveillance du groupe : Alain Minc. Accrochez-vous, Ubu n’aurait pas fait mieux !

Les actionnaires extérieurs, comme les actionnaires internes (Société des rédacteurs du Monde, personnels des Publications de la Vie catholique, journalistes de Midi libre, employés et cadres du Monde), ont 10 voix chacun. Selon les statuts, Minc devait recueillir 11 voix pour être réélu. Le vote a donné 10 voix pour Minc (actionnaires externes), 7 voix contre et 3 abstentions (actionnaires internes).

En poste depuis 1994, Alain Minc est logiquement non réélu, puisqu’il n’a obtenu que 10 voix. Malgré cela, le président de séance, Claude Perdriel (PDG du Nouvel Observateur) le déclare élu, tout en voulant procéder au renouvellement des membres du directoire. Les actionnaires internes protestent, rappellent que les statuts imposent 11 voix, et pas 10. Alain Minc intervient : «Vous n’êtes pas d’accord ? Le tribunal tranchera.»

Du côté des actionnaires extérieurs (Perdriel, représentants de Saint-Gobain, du Crédit mutuel, de Safran, de Prisa, de Méderic), on suit Alain Minc. Dès lors : interruption et crise.

Pierre Jeantet, qui devait être officiellement nommé hier au poste de numéro 1 en remplacement de Colombani, n’a pas pu être désigné puisque les actionnaires internes ont interrompu la réunion du conseil de surveillance avant que ce sujet soit abordé.

Le Monde se retrouve aujourd’hui avec un président du conseil de surveillance élu dans des conditions irrégulières, un ­patron en partance et son successeur qui ne peut juridiquement pas prendre sa place.

Le tribunal de commerce pourrait être saisi dans les prochains jours pour trancher sur l’affaire, voire nommer un administrateur judiciaire pour gérer les affaires courantes du groupe en attendant un jugement sur le fond.

Comme l’indiquait un représentant des actionnaires internes : "tous ces grands bonshommes ont quand même une drôle de conception de la démocratie et du respect du droit"… C’est clair !